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Plantation des manguiers dans les touffes d’arbustes

Face aux échecs des plantations de manguiers liés à la sécheresse et aux conditions environnementales très dégradées du terroir, l’innovation des producteurs du village Keur Ndiogou Ndiaye qui est situé à environ 32 km à l’ouest de la ville de Thiès, consiste à planter les manguiers dans les touffes d’arbustes de Piliostigma reticulatum.

L’innovation consiste à planter les manguiers dans les touffes d’arbustes. Pour cela, il faut d’abord repérer un pied d’arbuste ; ensuite, il faut sonder le sol à l’intérieur de la touffe jusqu’à repérer un endroit par où les racines de l’arbuste ne passent pas. En cet endroit, l’opérateur creuse un poquet dont les dimensions sont fonction de la taille des gaines utilisées en pépinière. C’est dans ce poquet que le plant est mis à terre.

La plantation se fait en pleine saison des pluies (15 juillet au 15 août). Dans certains cas, on peut se passer de la pépinière et semer directement les graines dans les touffes. Cependant, de l’avis des paysans, les résultats sont de loin meilleurs lorsqu’on utilise les plants.

Par ailleurs, il faut signaler qu’aujourd’hui, les paysans plantent aussi les manguiers dans les champs en association avec le manioc et ils mentionnent que les résultats sont également intéressants. Les variétés de manioc les plus couramment utilisées sont : Abdou Diouf, Soya Kadior, Kombo, Gagnic et Kololi. Cependant, Guiera senegalensis est aussi utilisée ainsi qu’un arbre comme Faidherbia albida (Kad). Dans ce dernier cas, le manguier est planté à côté du tronc du Kad.

La principale motivation de la mise au point de cette innovation est le souci de réussir les plantations de manguiers afin d’améliorer les conditions alimentaires des familles et d’accroître substantiellement les revenus des producteurs.

La mise en œuvre de cette innovation ne requiert pas d’investissements lourds. Il faut simplement disposer de moyens financiers pour acheter des plants de manguiers ou des gaines forestières. Cependant, il convient de noter que le fait de disposer d’une haie vive ou d’un champ de manioc constitue un atout supplémentaire pour réussir la plantation. En effet, ces deux types d’aménagement permettent d’améliorer les conditions environnementales.

Du point de vue main-d’œuvre, les paysans soutiennent que les membres de la famille suffisent pour appliquer l’innovation.
Les bénéfices tirés de l’innovation sont de deux ordres : écologique et économique.

Au plan écologique, les paysans mentionnent les avantages suivants :
- La plantation du manguier sur les touffes des arbustes permet de réduire la fréquence des arrosages ainsi que les quantités d’eau apportées.
- Les conditions hydriques et nutritionnelles (fertilité) plus favorables dans la rhizosphère des arbustes permet un développement et une croissance plus rapides des plants comparés à des manguiers plantés en zone dénudée ;
- L’arbuste joue un rôle de brise vent ; il atténue l’effet dessiccateur des vents de saison sèche (harmattan) sur les plants de manguiers ;
- En couvrant le sol, les arbustes contribuent à le protéger contre l’érosion très active en saison sèche ;
- Le reboisement a été relancé dans le village et d’autres espèces fruitieres ont été introduites ; il s’agit de Citrus sp (citronnier), de Ziziphus mauritiana, de Leucaena leucocephala, de Moringa oleifera et de Anacardium occidentale.

Au plan économique, les paysans soutiennent que l’innovation n’a pas encore eu d’impact mesurable sur leurs revenus puisque les manguiers plantés sont encore jeunes et n’ont pas encore commencé à fructifier. Cependant, ils ont bon espoir que bientôt, ils vont commencer à profiter des bénéfices économiques de l’innovation. Ils fondent leur espoir sur les revenus que certains paysans tirent des vieux pieds de manguiers. En effet, le pied qui a fructifié est actuellement vendu à la récolte à quinze mille (15 000) francs cfa.

Les contraintes de l’innovation sont :
- L’accès difficile aux gaines pour réaliser des pépinières ;
- Les attaques de termites qui fréquentent la rhizosphère des arbustes et qui peuvent détruire les plants de manguiers ;
- L’insuffisance des arbustes dans les parcelles de culture ;
a disposition dispersée des arbustes dans les parcelles de culture qui ne permet pas une utilisation rationnelle de l’espace.