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Sénégal : les femmes de l’ASPSP s’investissent dans la valorisation des semences locales

Face au capital semencier en péril, l’Association Sénégalaise de Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP) a misé sur les femmes pour préserver et développer des variétés traditionnelles. La région naturelle de la Casamance a été retenue comme terre d’expérimentation d’un jardin écologique géré par une association locale de femmes rurales.

En 2003, les leaders des organisations paysannes au Sénégal ont décidé de créer une organisation qui contribuerait à l’autonomie en semences en sauvegardant les variétés traditionnelles locales. Leur hypothèse de départ était que les semences technologiquement améliorées ne sont pas meilleures, et que les organes génétiquement modifiés (OGM) patentés ne constituent qu’une extension des variétés hybrides qui ne peuvent pas être semées de nouveau, ce qui maintient les fermiers dans un cycle perpétuel d’achat de semences.

Parmi ces organisations, il y a l’Association Sénégalaise de Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP) basée à Thiès. Elle est actuellement composée de quinze organisations paysannes qui, à leur tour, comptent quelque 63 000 fermiers membres dont une majorité des femmes. Ses principales activités consistent à recueillir et à traquer les variétés de semences locales, à créer des jardins de production semencière, à former les femmes dans la création de banque de grains traditionnels et à tenir une exposition annuelle de semences sénégalaises à laquelle les fermiers échangent et empruntent des semences. Elle organise également tous les deux ans une exposition régionale de semences agricoles à laquelle prennent part des fermiers en provenance du Sénégal, du Mali, du Bénin, du Togo, du Niger, de la Gambie, de la Guinée Bissau, et de la France.

Grâce à une subvention annuelle accordée par New Field, l’ASPSP promeut et met en exergue des pratiques agroécologiques auprès des femmes rurales en Casamance. Au moyen de formations, l’organisation a permis à six groupes de femmes des régions de Kolda et Sédhiou de devenir des acteurs-clefs dans la création d’un registre destiné à détailler la variété des semences locales traditionnelles. Ces groupes contribuent également à l’élaboration d’un programme destiné à reconstituer les semences en péril.

Par ailleurs, l’ASPSP a donné les moyens à 23 femmes rurales membres de l’organisation de participer au Forum social mondial de Dakar, en février 2011. Les femmes y ont organisé et participé à des activités ayant pour but de faire connaître les actions menées par leur organisation et la situation en Casamance. L’ASPSP a également financé la création d’un jardin agroécologique par un groupe de femmes rurales dans le district de Kolda. Elle a aussi formé quinze femmes leaders provenant des associations de femmes rurales en Casamance. Elles ont formé à leur tour d’autres groupes de femmes rurales en agroécologie, en autonomie semencière à travers la production propre et l’échange de semences locales.

Joelle Palmieri

E-mail : joelle.palmieri@gmail.com

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