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Paysages agricoles du Sénégal : le parc à kadd (Faidherbia albida) associé à la rotation culturale pour améliorer la fertilité des sol

Dans le village de Doutki, les agriculteurs perpétuent une pratique ancestrale de régénération naturelle pour fertiliser leurs champs. La technologie consiste à maintenir Faidherbia albida communément appelé Kadd dans les parcelles où se pratiquent la rotation des cultures et l’apport de fumure organique afin d’améliorer la fertilité des sols et d’accroître la production agricole.

Le village de Doutki est situé dans le département de Bambey, au cœur du bassin arachidier, zone agricole par excellence du Sénégal. La pluviométrie constitue la principale source d’eau pour les activités agricoles et les sols, très profonds, y sont de textures argileuse et sableuse. Les principales cultures pratiquées sont donc le mil, l’arachide, le niébé, le sorgho et l’oseille. Dans cette région située en zone tropicale semi-aride (468 mm de pluie en moyenne par an), les autres ressources en eau, constituées de puits à exhaure manuelle et de mares temporaires, n’offrent pas de possibilité de pratiquer des cultures de contre-saison. L’essentiel de la production est destinée à la consommation, mais une partie est commercialisée.

Dans la région, les mauvaises pratiques culturales combinées aux effets de la sécheresse et à l’explosion démographique ont conduit à l’épuisement des terres. Les principaux problèmes de l’agriculture sont : baisse de fertilité du sol, érosion éolienne, perte de surface arable, baisse des productions agricoles, difficulté d’accès à l’eau, élagage, plantes envahissantes (Striga sp ou ndoukhoum).

Maintenir les arbres pour améliorer la fertilité des sols…

Pour maintenir la fertilité dans leurs champs, les populations de Doutki perpétuent une pratique traditionnelle, la culture sous parc arboré. L’espèce la plus utilisée est le Faidherbia albida (kadd en langue locale) qui contribue fortement à reconstituer la fertilité du sol. Par ailleurs, sa présence dans les champs réduit la vitesse du vent et par conséquent, permet de stabiliser le sol. Pour accroître l’efficacité de cette pratique, les populations y associent la rotation culturale et l’apport de fumure organique.

Cette combinaison de technologies a permis d’améliorer sensiblement la production agricole et la sécurité alimentaire. Elle est facile à mettre en place, consistant à la protection des jeunes pousses et à leur suivi pour faciliter leur croissance en veillant à ce que le port de l’arbre soit droit et que le houppier ne déborde pas. Elle nécessite un investissement humain (régénération naturelle assistée, épandage du fumier) et l’acquisition d’un matériel simple et à faible prix (corde, coupe-coupe, pelle). Seul le coût de location de la charrette pour le transport du fumier collecté peut être considéré comme relativement onéreux.

Démarche de mise en œuvre et coûts de l’expérience

Ce tableau montre que le facteur le plus déterminant pour les coûts est l’achat d’engrais chimiques. Pour les travaux, la main-d’œuvre locale est utilisée gratuitement.

Tableau 1 : Coûts de l’innovation

Tableau 2 : récapitulatif des résultats et avantages

La tendance de l’adoption est très forte dans cette région, tous les exploitants qui pratiquent la technologie l’ont adopté sans aucun support externe. La régénération naturelle assistée au sein des parcs à Kadd associée à la rotation culturale présente une grande capacité de fertilisation du Sol. En plus de la RNA, il serait intéressant de mener des activités de reboisement pour remplacer les peuplements vieillissants pour maintenir le microclimat qui y règne et préserver le paysage. Cette approche de gestion intégrée des ressources naturelles constitue une technologie peu couteuse et le rapport bénéfice coûts reste positif à court et à long termes. Comme mesure d’accompagnement pour garantir sa durabilité, il est nécessaire que les services des Eaux et forêts appuie les producteurs dans la mise en œuvre de leurs activités de reboisement et de protection des jeunes pousses.

Déthié Soumaré NDIAYE

Centre de Suivi Ecologique

dethie@cse.sn

Références : SOW, Mbariane, 2008. Caractéristiques agricoles du département de Bambey. SDDR Bambey