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Opinion

L’année 2014 a été décrétée « année internationale de l’agriculture familiale ». En perspective de cet évènement international, l’ONG IED Afrique a organisé, le 26 Août 2013 à Dakar, un atelier thématique multi-acteurs sur « agriculture familiale durable :défis et opportunités d’un monde qui change. Cette rencontre, qui a vu la participation de nombreuses Organisations Paysannes, des acteurs de la société civile, des chercheurs, des représentants de l’Etat du Sénégal, des membres du Réseaux AgriCultures, etc., a été un intense moment d’échange qui a permis de passer en revue les problèmes qui gangrènent l’agriculture familiale et de trouver des pistes collaboratives en vue de la promotion et de la valorisation de cette d’agriculture qui nourrit une bonne partie
de l’humanité.

« Il faut prendre en compte la multifonctionnalité des exploitations familiales pour pouvoir les appuyer durablement »

Pour régler la crise de l’agriculture, en Afrique, il faut forcément passer par un
soutien conséquent et accru aux exploitations agricoles familiales, parce qu’elles
sont responsables de plus de 80% de la production alimentaire dans beaucoup de
pays.

Et pour des raisons simplement liées au bon sens économique, on ne peut pas
envisager un développement du secteur agricole sans passer par le renforcement
des exploitations familiales.

L’agriculture familiale n’est pas simplement un système économique. Il y a certes
une fonction économique très importante, mais au delà, de cette fonction économique, les exploitations familiales sont des organisations sociales et comportent une dimension culturelle importante. Elles vivent des réseaux sociaux qui jouent un rôle important dans le renforcement de la résilience des exploitations familiales et dans la gestion durable des ressources
naturelles.

C’est donc toute cette multifonctionnalité qu’il faut prendre en compte pour pouvoir
trouver les politiques les plus adaptées pour appuyer de manière efficiente les
exploitations familiales.

Aussi, l’investissement destiné à l’agriculture devrait être affecté sur la base d’une
bonne perception de l’agriculture qu’on veut promouvoir. Je crois que si cette perception est claire, on pourrait avoir des systèmes d’investissement beaucoup plus ciblés pour prendre en compte les besoins des exploitations familiales.

Mamadou Bara Guèye

Directeur de l’ONG IED Afrique

« Le développement du Sénégal doit s’appuyer sur le potentiel endogène »

Nous vivons dans un pays (Sénégal) où 75% de la population vivent de l’agriculture.

Cela veut dire que si on veut promouvoir le développement économique
et social équilibré de ce pays, on ne peut pas ignorer les ¾ de la population dont les activités tournent autour de l’agriculture familiale.

Si on prend l’exemple de pays tels que l’Inde ou encore le Brésil, ils ont aujourd’hui dépassé le stade de pays émergents, alors qu’il y a de cela quelques années, on était au même niveau de développement. C’est
parce qu’ils ont osé miser sur les exploitations familiales et ont créé les conditions de leur renforcement qu’ils sont arrivés à ce qu’ils sont maintenant.

Tout développement doit s’articuler autour du potentiel endogène qui existe dans le pays. Il faut faire en sorte que ce potentiel soit valorisé et mis au service de la grande masse de la population. Nous devons nous débarrasser de cette dépendance alimentaire qui nous oblige à importer annuellement plus de 800.000 tonne de riz alors que la facture laitière de notre pays s’élève à 100 milliards de F Cfa par an. Et pourtant dans la même période, il y
a des zones où le lait est déversé faute de pouvoir être écoulé.

Il faut trouver des mécanismes qui nous permettent de transformer ce lait, produit localement et qui est de grande qualité, et de le rendre accessible.
C’est la même chose pour les fruits et les légumes.

Aujourd’hui, si vous allez dans la région naturelle de la Casamance, elle est submergée de fruits (mangues notamment). Mais ils pourrissent sur place au moment où les hôtels et les grandes surfaces de distribution proposent à leurs clients des produits importés.

Le rôle de l’Etat devrait être de d’appuyer les agriculteurs familiaux, de les aider à se moderniser et à accéder aux crédits et d’organiser les OP, etc.

Le levier essentiel du développement du Sénégal doit être adossé à l’agriculture
familiale.

Ousmane Badiane

1er vice président du Conseil régional de Dakar