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Gestion mixte des Banques céréalières de soudure au Niger : l’expérience du PUSADER dans le village de Korop

Les banques céréalières constituent des outils importants de lutte contre l’insécurité alimentaire au Niger. Pour assurer la gestion efficiente de la banque céréalière du village de Korop, dans la région de Tahoua, le Projet d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire et au développement Rural (PUSADER), un projet financé par le FIDA au NIger, a instauré un système de gestion mixte basé sur la pleine participation des femmes.

Pour contribuer à l’atténuation de la crise alimentaire qui a secoué le Niger en 2009/2010, suite à une campagne agro-pastorale déficitaire, le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a financé le Projet d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire et au développement Rural (PUSADER).
Dans sa composante 1, le projet appuie les ménages vulnérables, identifiés lors d’un ciblage participatif par les communautés, en moyens pour reconstituer leurs biens.

C’est dans le cadre de cette composante du projet que le village de Korop (commune Rurale de Bagaroua, région de Tahoua/Niger) a bénéficié de 110 tonnes de mil et d’un magasin en matériaux définitifs. Ce stock devait servir à constituer une banque céréalière de soudure (BCS) destinée aux populations les plus vulnérables.

Processus de mise en place et fonctionnement de la banque de céréales de Korop

Après la phase d’information sensibilisation sur les BCS assure par l’ONG partenaire ARIDEL et la mise en place du magasin et du stock de céréales, les villageois ont élu un comité de gestion de la banque. Les membres du comité sont choisis sur la base de critères préalablement définis. Ces critères accordent une place importante aux femmes qui jouent un rôle de premier plan au sein du comité.

Les membres du comité sont ensuite formés aux opérations de la banque, ce qui leur permet d’assurer une gestion correcte de celle-ci.
La banque fonctionne sur la base de crédits remboursables à la récolte avec un petit intérêt. Deux modes de cession ont été adoptés à savoir :

- La vente directe pour les ménages moyennement vulnérables ;
- Et la vente à crédit pour les ménages extrêmement vulnérables reconnus comme sérieux pour rembourser.

Le choix de ces deux modes de cession résulte de la volonté de minimiser les effets des années déficitaires car, dans la zone de Korop, quatre (4) années sur cinq (5) sont déficitaires. Le niveau de vulnérabilité des ménages est déterminé par recensement avec les communautés qui classent les ménages par degré de vulnérabilités. Les activités des BCS (vente à crédit et au comptant) sont dirigées prioritairement vers les ménages vulnérables.

Résultats

Selon les communautés, la gestion mixte de la BCS assure une disponibilité de vivres dans le village surtout pendant les périodes des travaux.
Il est hautement recommandé de respecter la parité hommes/femmes dans le processus de sélection des membres du comité de gestion de la banque. Ce critère permet de sélectionner les hommes et les femmes les plus aptes à gérer la banque et favorise la prise en compte des besoins et préoccupations de l’ensemble de la communauté.

Le mode de cession par crédit permet également aux ménages extrêmement vulnérables d’accéder aux stocks. Aboulaye Gounzari, le chef de village de Korop salue vivement cette initiative du PUSADER et du FIDA qui a beaucoup contribué à l’atténuation de l’insécurité alimentaire dans son village : « la BCS a créé une disponibilité et accessibilité locales de céréales dans mon village. Depuis sa mise en place, l’approvisionnement en vivres a été facilité. Avant nous partions à Changnassou (11 km) pour acheter parfois deux tias (environ 10 kg) ».

Quelques défis à relever pour assurer la durabilité de la banque céréalière

Pour rendre plus durables et pérenniser les services rendus par la banque céréalière de Korop aux communautés, il convient de renforcer la formation des membres du comité de gestion afin d’éliminer tout risque de mauvaise gestion de la banque.

Les céréales sont souvent vendues à des prix trop bas, inférieurs aux prix prévisibles à la récolte suivante, ce qui contribue à la diminution des stocks. Il faut, dès lors, s’assurer que les prix à la cession permettent le renouvellement des stocks quelles que soient les fluctuations des prix au fil des années.
Aussi, les problèmes liés au non remboursement des crédits constituent un danger pour la banque. En effet, les villageois ont, parfois, des difficultés à acheter les céréales stockées et décident de les céder totalement à crédit. En cas de succession de mauvaises campagnes, les remboursements posent problème.

ABDOULLAYE Soumaila

SRSE/PUSADER/TAhoua